09 mai, 2005

Le serpent qui dense

Que j'aime voir chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain

Tes yeux où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids où se mêlent
L'or avec le fer

À te voir marcher en cadence
Belle d'abandon
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
D'un jeune éléphant

Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ces vergues dans l'eau

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants
Quand l'eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents

Je crois boire un vin de Bohème,
Amer et vainqueur
Un ciel liquide qui parsème
D'étoiles mon cœur !

C. Beaudelaire

5 commentaires:

Anonyme a dit…

mon dieu que c'est beau!
j'ai toujours pensé que les poètes c'est une race à part...

EviL DraKo a dit…

Baudelaire est est bien plus qu'un poete ...

Unknown a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Anonyme a dit…

Le meilleure des poètes de ts les temps.. J te suggère l'Invitation au Voyage au cas ou tu ne l'aurais pas lu.. et ds le même style en plus moderne Paul Eluard..

EviL DraKo a dit…

>> Purple Buterfly & Troubadour : Je crois que tu es la même personne, en tout cas, rien que pour toi :
Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !

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